O tempora, O mores

Publié le par RCW

Oh France, au nom de quelle égalité te maltraite-t-on, au nom de quelle liberté veut-on museler ton système d’éducation, au nom de quelle fraternité paupérise-t-on les plus pauvres et enrichit-on les plus riches ?

 

Il est rare que je me mêle de grèves quand je ne suis pas dans la profession ou dans la situation pour être plus exact, car je ne peux parler de profession quand il s’agit d’étudiants.

 

Toutefois, je ne peux rester indifférent  à ce qui est train de se tramer, de réagir aux mensonges et paradoxes ambiants, aux justifications des mesures prises.

 

Nous avons un gouvernement et des médias assez curieux qui trouvent un jour l’exception française comme excellente excuse pour faire une promotion particulière et qui, le lendemain, trouve comme justification  aux tests ADN que ça se fait aussi ailleurs, alors pourquoi pas chez nous. C’est selon, comme les petits enfants dans la cour de récréation qui cherchent tous les jours une autre excuse pour justifier leurs actes.

 

Je suis du même avis que bien des usagers des transports en commun, la grève des cheminots a été catastrophique pour bon nombre de citoyens. Je pense que d’autres mesures peuvent être prises, et je reviens systématiquement à la même conclusion : laissez donc les transports gratuits dans ce genre de cas, cela a le même effet tout en ménageant les usagers. Cela n’empêche pas une manifestation de rue, mais cela attire la sympathie.

Bon, peu importe la méthode, parlons du fond. Je ne peux pas comprendre que l’on puisse parler d’égalité en matière de cotisations pour la retraite sans parler de pénibilité de travail, sans parler forcément des cheminots. Il me semble aussi évident que c’est plus facile aujourd’hui de conduire un train qu’il y a 50 ans, qu’un conducteur de locomotive est plus occupé à surveiller son train qu’à enfourner du charbon, et c’est tant mieux. Mais y avait-il une telle urgence à réformer ces régimes spéciaux au lieu de vraiment repenser et prendre à bras le corps ce souci d’années de cotisations ? Quand j’entends le Président et ses ministres dire « Nous avons été élus pour ça ! », mes poils se hérissent. NON : vous avez été élus pour bien d’autres choses encore qui sont certainement plus urgentes et je suis loin d’être persuadé que c’est sur ce point précis que mes compatriotes vous ont donné leur confiance.

Comme le proposait François Bayrou, il eut été judicieux de mettre sur la table le panel de tous les métiers, puis de définir des échelons de pénibilité afin de déterminer, ensuite, une durée de cotisations. Il ne s’agit même pas de parler de branches de métiers, car le secteur minier compte des gens travaillant au fond des puits et des bureaucrates, c’est donc bien le métier même qui doit être le facteur déterminant. Je suis même d’avis que certaines personnes peuvent cotiser jusqu’à 42 ou 43 ans alors que d’autres devraient en effet ne cotiser que 35 années, pourquoi pas. Il ne faut plus parler de régimes spéciaux dans ce cas, mais de régimes adaptés, ce qui serait moins péjoratif. Aussi curieux que ça paraisse, mettre tout le monde à 40 annuités, c’est créer des inégalités, mais Bon Dieu, cela devrait être évident !!

 

Quant à la grève des étudiants… que de discussions de café du commerce sont données comme vérités ! Il est pour moi un fait indéniable : si les entreprises privées peuvent financer les universités, il me semble évident que celles-ci vont privilégier des études qui fourniront un vivier de leurs besoins, et qu’elles privilégierons les formations d’ingénieurs, de techniciens au grand dam des formations littéraires et des sciences humaines. Ainsi, pour faire de telles études « non subventionnées » faudra-t-il payer des écoles privées, charmant pour nos classes ouvrières.

J’estime qu’il est dangereux pour une société de se tourner vers ce fonctionnement, car elle produira de la « chair à entreprises » et elle massacre ceux qui peuvent apporter la réflexion, la remise en question, à moins que cela ne soit voulu et désiré par un certain pouvoir en place.

 

Je plains d’avance nos générations de demain pour qui la philosophie, la sociologie représenteront un vague concept. Montesquieu, Rousseau et Voltaire doivent se retourner dans leurs tombes. Verlaine, Hugo, Zola, Rodin, Berlioz, Delacroix, etc. merci d’avoir existé, mais ceux qui nous gouvernent ne vous ont plus en références, si toutefois ils ont un minimum de culture. Une société qui ne produit plus d’artistes et plus de penseurs est en déclin. Une société ne s’envisage pas à court ou à moyen terme, elle se regarde de façon à être pérenne et évolutive. Il me semble que c'est l'homme et l'humanisme qui doit être l'essence d'une civilisation, et non pas les besoins économiques. Quoiqu'il en soit, je hurlerai cette vérité jusqu'à ma mort et je ne cautionnerai jamais un système dans lequel la pensée, la création et la compassion seront absentes.

 

Où sont nos journalistes indépendants, où sont les esprits impartiaux, en restent-ils sur nos ondes ou sont-ils priés de se taire, menacés de licenciement s’ils ouvraient leurs bouches ? Est-ce cela une démocratie ?

 

Je conseille à tous mes lecteurs de relire ou de lire 1984 de George Orwell.

 

RcW Novembre 2007


Publié dans Coups de gueule

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